Julien Dutel, Volsung, Matt Mercer, FibreTigre… Ces noms vous disent forcément quelque chose si vous traînez un peu dans le milieu du jeu de rôle. Ils ont chacun leur style, leur talent, leur façon unique d’embarquer les joueurs — et pour beaucoup de MJ amateurs, ce sont des sources d’inspiration… et parfois, de complexes.
Et c’est là qu’apparaît le fameux effet Matt Mercer : cette pression insidieuse qui pousse certains MJ à croire qu’une bonne partie doit ressembler à un épisode de Critical Role. Avec du jeu d’acteur haut niveau, des voix travaillées, de l’impro à gogo. Et ça peut devenir paralysant.
Alors on se met à courir partout : on lit des articles, on regarde des masterclass, on écoute des podcasts… mais plus on creuse, plus le chemin vers la maîtrise « parfaite » semble long. À force, on se sent moins papillon que chenille, rampant lentement vers on ne sait quoi.
🎭 Le jeu d’acteur, c’est bien… mais c’est pas tout
Oui, c’est impressionnant d’avoir un MJ qui joue ses PNJ avec la voix et les mimiques d’un pro. Mais ce n’est que la surface. Pour pouvoir briller à la table, il faut déjà avoir posé des bases solides : comprendre les règles, gérer le rythme de la partie, savoir improviser, structurer son scénario, donner vie à l’univers…
Autant de compétences « invisibles » mais essentielles.
Le JdR reste un loisir, certes, mais comme tout loisir exigeant — théâtre, échecs, musique — on progresse en s’entraînant, pas juste en pratiquant « à l’arrache ». Et pourtant, combien d’entre nous s’entraînent vraiment à maîtriser ? Combien travaillent un point précis hors des parties, avec méthode ?
🎓 Être MJ, c’est plusieurs métiers à la fois
Quand on commence à réfléchir sérieusement à son rôle, on réalise vite qu’un MJ, ce n’est pas une casquette, mais toute une penderie. En vrac :
- Conteur : pour décrire, incarner, captiver.
- Organisateur : pour préparer l’univers, gérer le rythme, expliquer les règles.
- Arbitre : pour décider quand appliquer les mécaniques, encadrer le contrat social, guider la progression des personnages.
Et ce n’est qu’un aperçu. Vouloir tout améliorer d’un coup, c’est illusoire. Même dans les systèmes d’XP les plus permissifs, on ne peut pas tout monter d’un coup. Il faut choisir ses priorités.
🧩 Faire le point : ton tableau de progression perso
Avant d’avancer, il faut savoir d’où tu pars. L’idée ? Faire un petit bilan de tes compétences MJ, à la manière d’un arbre de talents. Tu peux t’inspirer de l’article de Phil Vecchione ou suivre ces axes :
- Préparation : Tu prépares tes parties en avance ou à la dernière minute ? Tu te sens prêt quand la session commence ?
- Scénarios : Tes intrigues sont-elles engageantes ? Tes joueurs s’ennuient-ils parfois ?
- PNJ : Tes personnages secondaires sont-ils mémorables ou interchangeables ? Tu les joues avec des voix ? Des tics ?
- Narration : Est-ce que tes descriptions font vibrer la table ? Ou est-ce qu’on t’écoute comme on lirait un manuel d’aspirateur ?
- Règles : Tu maîtrises bien le système ? Tu passes ton temps le nez dans le bouquin ?
- Autorité douce : C’est toi qui mènes la barque, ou tu subis le courant ? Tes joueurs te suivent, ou font leur vie dans leur coin ?
Pour aller plus loin, tu peux même enregistrer une partie (avec l’accord du groupe), et analyser un extrait. Trente minutes, c’est suffisant pour se rendre compte de ce qui roule… et de ce qui coince.
📈 Gagner des niveaux, mais avec méthode
Une fois ton auto-évaluation faite, fixe-toi un petit plan de progression.
👉 Choisis une ou deux compétences à bosser pendant les 3 à 5 prochaines sessions. Pas plus. Tu ne vas pas devenir Matt Mercer en un mois, mais tu peux devenir toi en mieux très vite.
Exemple : si tu galères à incarner tes PNJ, bosse là-dessus. Prépare quelques voix, quelques traits de caractère simples, et intègre-les doucement. Tu verras, au bout de quelques parties, tes joueurs vont commencer à les reconnaître — et toi, tu seras bien plus à l’aise.
Et surtout : inutile de relire l’intégrale de l’univers si ce qui te manque, c’est de donner la parole équitablement à tes joueurs.
🧙♂️ MJ niveau 5, ça te parle ?
Imagine-toi dans trois mois. Tu as bossé la caractérisation des PNJ. Tu en tires de vrais moments de roleplay, tes joueurs s’amusent, l’ambiance est là. Tu as gagné en assurance, tu prépares plus vite, tu improvises plus librement.
Tu viens de gagner un niveau.
Et comme dans tout bon jeu de rôle, monter en niveau, c’est aussi un plaisir.
Alors pose la fiche de personnage de ton MJ.
Et demande-toi :
Toi MJ, tu gagnes combien d’XP par partie ?