Je trouve que la course à pied est une métaphore idéale pour expliquer comment je veux faire évoluer ma manière de maîtriser des parties de jeu de rôle. Pas parce que j’aime courir – au contraire ! – mais parce que le parallèle est éclairant.
Joggeurs du dimanche et MJ à l’instinct
Le dimanche matin, on croise souvent des joggeurs. Ils enfilent leurs baskets, sortent, et courent. Juste comme ça. Pour le plaisir, pour la forme, pour s’aérer la tête. Ils ne se prennent pas la tête. Ce sont des coureurs « naturels ».
Certains MJ fonctionnent exactement de la même manière. Ils font jouer pour le fun, improvisent des histoires, s’amusent avec leurs amis. Ils enchaînent les univers comme on change de parcours. Parfois, tout n’est pas parfaitement huilé, mais l’essentiel est là : le plaisir de jouer. Si je me mettais à courir, je serais sans doute comme eux. Un amateur heureux, qui fait ça pour se faire plaisir.
Mais voilà : aujourd’hui, j’ai envie de viser autre chose.
Objectif : performance narrative
Maintenant, je veux que mes parties aient de l’impact. Je veux que mes joueurs vivent des aventures qui les prennent aux tripes. Qu’ils soient embarqués comme devant une scène d’action d’Indiana Jones, ou une fuite effrénée de la Compagnie de Thorin hors de Gobelinville.
Je veux qu’ils vibrent, qu’ils s’immergent totalement. Mieux encore : je veux qu’ils ressentent que c’est encore mieux qu’un film… parce que cette fois, ils sont acteurs de l’histoire.
L’entraînement du MJ
Comme un sprinteur, je me rends compte que je ne peux pas me contenter des compétitions (les parties). Il faut s’entraîner. Et l’entraînement, ce n’est pas juste refaire des parties. Un athlète comme Usain Bolt ne fait pas que des 100 mètres à fond. Il répète ses départs, travaille ses appuis, fait du renforcement, de l’analyse, du fractionné.
C’est pareil pour moi en tant que MJ. Je dois travailler mes techniques en dehors des parties, via des exercices ciblés. Des trucs abstraits, parfois théoriques, que je peux tester seul ou avec un partenaire, sans la pression d’un vrai scénario. Et quand ça devient naturel, je pourrai intégrer ces savoir-faire en pleine session.
Analyser pour progresser
Plutôt que de tout revoir à l’aveuglette, j’ai décidé de décortiquer mes cinq derniers scénarios. J’ai passé en revue toutes les scènes : leurs types, les environnements, les PNJ, les objectifs.
C’est un peu comme se demander : « Tu cours le 100 mètres en combien ? » L’idée, c’est de comprendre où je suis bon, et où je manque de technique.
Je vous propose de faire le même exercice :
- Reprenez plusieurs de vos anciens scénarios.
- Découpez-les en scènes homogènes.
- Analysez chaque scène : son type (combat, enquête, dialogue, etc.), son décor, les PNJ impliqués, les enjeux.
Cela vous permettra de repérer vos zones de confort et vos lacunes. Et donc de choisir intelligemment les moments où expérimenter de nouvelles techniques, sans tout casser.